Un charme indéniable se dégage ensuite du panneau Déesse terrestre, dont les quatre coins sont ornés de cœurs, allusion à la belle Clelia Farnèse, le troisième personnage
de cette histoire. La peinture montre la ravissante fille du
« grand cardinal » Alexandre Farnèse, épouse de Giovanni Giorgio Cesarini, portant un magnifique collier et une élégante coiffure de fleurs, dans laquelle on relève un œillet, une marguerite et une branche de muguet dans la partie supérieure. Cette œuvre a été commandée à Zucchi par Ferdinand, considéré par tous l’amant de la dame. D’autres détails significatifs connotent l’interprétation qu’Ileana Florescu donne du portrait : la présence d’élégants et fragiles Iris germanica et florentina, de la jacinthe, tandis qu’une lionne en pleine course rappelle la chasse au lion organisée par le cardinal à la Trinité des Monts en l’honneur de sa bien-aimée. Inspirée par le binôme indissoluble
« amour/mort », Florescu cache alors dans le précieux
collier de Clelia un crâne, peut-être une citation de cette
« tête humaine pétrifiée au-dessus de laquelle était née une petite branche de corail », une pièce chèrement payée par Ferdinand, avide de « curiosités » et de « bizarreries » et qui, en dépit du fait qu’il s’agissait d’un faux évident, fut exposée avec fierté dans la Galerie de Pise.
LUCIA TONGIORGI TOMASI